Courrier à M. Julien Denormandie
Paris, le 23 mars 2021
Monsieur le Ministre,
Dans le cadre des débats de la Commission spéciale chargée d’étudier le Projet de loi Climat
et résilience, vous avez suggéré que les appels à projet du Plan de relance pour la
structuration de filières agricoles étaient le véhicule le plus approprié pour soutenir le
développement de filières de commerce équitable en France – rémunératrices pour les
producteurs et accélératrices de transition écologique. Nous souhaiterions vous rencontrer au
plus vite pour échanger sur ces possibilités.
En effet, notre lecture des appels à projets du plan de relance, nous amène à penser que s’ils
peuvent constituer un levier de développement intéressant, ils ne permettent pas, seuls, de
produire des résultats structurants pour le développement de partenariats de commerce
équitable dans les filières alimentaires.
Bien sûr, quelques entreprises ou organisations de producteurs pourront répondre aux
accompagnements proposés pour des investissements matériels ou de l’accompagnement
technique (et nous nous en réjouissons) mais cela ne permettra pas de faire changer d’échelle
les impacts du commerce équitable pour la rémunération des producteurs et la transition
écologique.
De la même façon, si nous avons accueilli très favorablement le vote structurant à l’article 60
des Députés de la Commission spéciale en faveur de l’intégration des produits issus du
commerce équitable dans les objectifs chiffrés de la restauration collective, cette mesure
demeure insuffisante pour faire changer d’échelle un secteur.
Une politique ambitieuse d’Etat visant à faire sortir les pratiques de commerce équitable d’une
niche de marché nécessite un engagement concerté avec le secteur permettant de décliner
des actions pour :
- Soutenir les phases d’amorçage des partenariats de commerce équitable ;
- Soutenir la mise en conformité des filières aux engagements de commerce équitable
et accompagner les investissements organisationnels et de transition agroécologique ; - Une dynamisation de la visibilité auprès des consommateurs, des opérateurs
économiques, du monde agricole, des distributeurs etc.
L’accélération du développement de l’agriculture biologique passe par des dispositifs dédiés
et d’ampleur comme le Fonds Avenir Bio, ou les programmes de communication de l’Agence
Bio. Nous pensons que le commerce équitable relève d’une logique comparable. Dans tous
les cas, une analyse fine et un dialogue concerté autours des freins et surtout des leviers pour
changer d’échelle le commerce équitable « Origine France » est nécessaire.
C’est pourquoi, je sollicite aujourd’hui auprès de vous une rencontre afin de partager avec
vous nos analyses sur les freins et les leviers pour accompagner le changement d’échelle du
commerce équitable « origine France » pour faciliter la capacité de notre secteur à se saisir
des opportunités offertes par le plan de relance.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations respectueuses.
José Tissier,
Président
Commerce Equitable France